Au Medef, les dirigeants africains tentent de séduire les investisseurs français

Le président béninois Patrice Talon lors des Universités d'été du Medef à l'hippodrome de Longchamp, à Paris, le 30 août 2022.

Le Medef tenait, lundi et mardi, son université d’été, baptisée « Rencontre des entrepreneurs de France », une rencontre qui laisse traditionnellement place aux invités étrangers. Cette année, la Tunisie et le Bénin étaient à l’honneur côté Afrique. La Première ministre tunisienne, Najla Bouden, et le président Béninois, Patrice Talon, ont cherché à convaincre les dirigeants d’entreprises français de venir investir chez eux.

En matière de séduction, comme en peinture, il existe plusieurs écoles. L’école tunisienne de Najla Bouden est empreinte de sérieux et de subtilité, notamment lorsque la cheffe du gouvernement tunisien rappelle que son pays travaille à installer un câble haute-tension pour fournir l’Italie en énergie solaire. « La Tunisie dispose d’atouts majeurs en matière d’énergie solaire et d’hydrogène vert, au moment où l’Europe fait face à un défi de diversification de ses sources d’approvisionnement en énergie », assure-t-elle.

Le président béninois, lui-même ancien chef d’entreprise, manie davantage le slogan publicitaire pour attirer les investisseurs étrangers. « Le Bénin est en train de devenir l’oasis en Afrique. Nous avons fini de régler les problèmes d’infrastructures portuaires, aéroportuaires, routières, énergétiques. Venir investir au Bénin aujourd’hui, vous avez de l’électricité de qualité, et avec possibilité d’une convention sur le prix, on peut vous vendre de l’électricité moins cher qu’en Chine », affirme-t-il.

Najla Bouden vante la stabilité politique de la Tunisie

L’électricité, c’est bien, le capital humain, c’est encore mieux. « Il va sans dire que la Tunisie qui a constamment misé sur son capital humain place aujourd’hui l’innovation, l’entrepreneuriat et le développement des start-up au cœur même de son développement futur », estime Najla Bouden qui souligne les efforts de son pays en la matière.

La cheffe du gouvernement tunisien qui vante sans sourciller la stabilité politique de son pays, rappelle aussi ses efforts en vue de rationaliser le maquis administratif qui parfois peut désarçonner… même une entreprise française. « À cet effet, le gouvernement tunisien vient d’engager un programme d’appui à l’initiative privée qui s’articule particulièrement autour de l’assouplissement des procédures, en actionnant ce que l’on appelle « la guillotine des procédures », mais également autour de la digitalisation du parcours des investisseurs et la modernisation des infrastructures industrielles, etc. »

Grève limitée à deux jours par mois au Bénin

La provocation fait partie des arguments du président béninois pour convaincre les investisseurs. Et face à des chefs d’entreprise, rien de tel que de montrer une certaine défiance envers les syndicats. « La grève est interdite dans les secteurs vitaux comme la santé. Dans les autres secteurs, la grève est limitée à deux jours maximum par mois, et dix jours par an. C’est vrai, c’est un recul par rapport aux acquis démocratique, mais je n’ai pas l’ambition d’avoir une expression démocratique identique à la France. Mais quand un pays est à construire, notamment un pays où tout est à reprendre, vous avez besoin d’avoir une réglementation forte », assène le président béninois.

Séduction franche ou séduction douce, pour les dirigeants africains présents à Paris, l’essentiel est de faire passer un message, l’Afrique a besoin d’investissements, mais aussi de partenaires impliqués, capables de l’aider à surmonter les difficultés financières nées de la crise inflationniste mondiale.

RFI

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *